Ce matin, j’ai pu lire un article intéressant de Surfer Mag. C’est un échange, réflexion et collaboration entre le fameux Chris Christenson et un ingénieur d’aérospatial de Pensylvanie. Le sujet est complexe mais il a pour but de modifier notre vision de la conception des guns, c'est-à dire les planches pour les grosses vagues. C’est une traduction hasardeuse de cet article. Le sujet est d’autant plus intéressant que la plupart d’entre nous, considéront le shape des guns comme une véracité indiscutable.
Arthur Bourbon avec son gun pour les grosses vagues
On a bien sûr assisté à des évolutions ces dernières années dans la fabrication des planches pour le gros surf, avec des modifications en termes de volume, dans le positionnement ou le nombre d’ailerons, dans le poids des planches. Différents paramètres et choix ont évolué au fil des années mais la forme générale du shape semble à peu près la même depuis plus de 30 ans.
Une révolution basée sur la science
Le shaper californien, Chris Christenson, est connu et reconnu pour être l’un des meilleurs dans la fabrication des guns. Il équipe notamment Greg Long, Ian Walsh et de nombreux autres surfeurs dans le petit monde du surf de gros. Il vient récemment de dévoiler des planches très originales avec un nose en forme de bulbe et d’une épaisseur de 9 pouces (ce n’est pas une blague) avec une composition assez traditionnelle d’EPS et de fibre de carbone. Une planche à la forme originale et qui surprend plus d’une personne.
Le shaper raconte l'histoire de cette planche de surf. L'origine de ce projet provient d’une discussion/réflexion entre lui et un ingénieur d’aérospatial du nom de Roger Birkbeck. Il ajoute, que le plus drôle dans l’histoire, c’est que Roger n’est même pas un surfeur, qu’il n’a même pas essayé une seule fois.
Birkberck est un ingénieur professionnel, qui construit pour vivre des navires et des avions. Mais un jour, alors qu’il zappait sur sa télévision, il est tombé par le plus grand des hasards sur une retransmission du Pe’ahi Challenge sur ESPN. L’ingénieur fut intrigué et un peu confus par ce qu’il vit. Pour Birkbeck, l’équipement utilisé par les surfeurs pour surfer ces vagues énormes , est conçu de manière erronée.
Chris nous explique alors que Roger a continué ses recherches sur le surf, et a finalement pris contact avec lui. Il demande alors à Chris l'étendue de son savoir en matière d’aérodynamique, et de son utilisation dans ses conceptions. Pour le shaper, l’aérodynamique se limite à mettre du poids à l’intérieur de la planche afin de ne pas subir le vent qui s’engouffre sous la planche et notamment le nose. Réponse de l’ingénieur, son approche n’est pas la bonne. Au début, Chris fut surpris de la réponse, et se demanda qui est ce mec, pour me téléphoner et remettre en question mon savoir. Mais il explique qu’il est assez ouvert d’esprit, surtout si l’idée a le potentiel de rendre ses planches plus performantes. Après avoir écouté l’ingénieur, Chris se rend compte que son concept a du sens.
Des tests concluants en soufflerie
Le principe est basé sur un nose de planche à la forme unique et bulbeuse. Roger Birkbeck a construit un prototype, mais comme il ne pouvait pas tester ses théories aérodynamiques lui-même dans les grosses vagues (il ne sait pas surfer). Il décida de monter son prototype sur sa jeep et commença à conduire pour reproduire la force du vent sur la planche. Lorsqu’il approcha des 40 km/h, le nose prototype pointa vers le bas, à l’inverse des planches d’aujourd’hui (qui pointe vers le haut, lorsque le vent s'engouffre). Le nombre de fois qu’on a vu un surfeur collé à la lèvre d’un mavericks ou Jaws à cause du vent qui s’engouffre sous la planche, demandez à ces quelques surfeurs?
Roger, l’ingénieur, a également apporté de nombreuses données provenant d'une soufflerie à Chris. Le nose de ces prototypes est très original mais basé sur la science avant tout. Chaque détail compte, il y a une approche scientifique derrière chaque courbe. Tout a été conçu pour une meilleure adhérence aux vagues et supprimé cette portance au vent.
Pour conclure, on est toujours dans le domaine de la théorie même si les premiers tests sont concluants. En effet, lors des tests en soufflerie, le nose monté sur la jeep de Roger, a réagi exactement comme cela était prévu par Roger et Chris. Mais le test final aura lieu dans les vagues et c’est le seul qui compte, encore faut-il trouver le volontaire?….